Molluscum, eczéma et autres dermatoses chez l'enfant : comment s'en débarrasser ?
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Molluscum, eczéma et autres dermatoses chez l'enfant : comment s'en débarrasser ?
Pas si simple pour les parents de distinguer entre un eczéma, un léger psoriasis ou une dermite du siège en observant la peau de leur enfant. Il ne faut pas croire que la crème hydratante est l’arme absolue, un réflexe souvent à l’origine d’un retard de prise en charge adéquate. Molluscum contagiosum, dermatite atopique ou eczéma…voici cinq maladies de peau qui touchent les enfants en priorité. Mieux vaut les traiter sans attendre.

Le Molluscum contagiosum
Comme les verrues, ces petites vésicules sur la peau sont dues à une infection virale par Molluscipoxvirus appelée molluscum contagiosum. Elle touche 2 à 10 % des enfants (avec un pic entre 2 et 10 ans), parfois des adultes (10% des cas) sur une durée de 6 à 9 mois voire plusieurs années dans de rares cas. Le molluscum contagiosum est assez fréquent chez l’enfant (encore plus s’il souffre d’eczéma) et est aussi contagieuse que les poux. L’enfant s’auto-infecte et les lésions de molluscum progressent. Le virus se transmet par contact direct ou par des serviettes, des vêtements etc. et dans des milieux chauds et humides (piscines). Molluscum contagiosum peut régresser spontanément pendant plusieurs années même sans traitement. Visuellement, ce sont des petites excroissances de peau (papules) de 1 à 5 mm de diamètre dotées d’un puit central. En moyenne, on dénombre 10 à 20 papules de molluscum contagiosum sur tout le corps, parfois jusqu’à 100-200. Bras, poitrine et jambes sont les zones privilégiées par cette verrue chez l’enfant.
Dr Aude Maza-Rioland, dermatologue : « Traiter le Molluscum contagiosum commence déjà par veiller à une bonne hydratation générale de la peau car les verrues se complaisent sur les peaux sèches. Je préconise des bains à l’eau tiède d’une dizaine de minutes avec un produit émollient (huile, pain sans savon, crème lavante) et non un savon trop détergent. Il ne faut pas hésiter à étaler un dermocorticoïde en cas de plaques rouges d’eczéma autour de la papule. Car l’enfant, en grattant ces plaques, risque de disséminer le virus à d’autres localisations. Quant au traitement du molluscum lui-même, il doit être précoce pour limiter la propagation des papules. Certains médecins optent pour la destruction physique de la verrue en pratiquant un curetage, c’est à dire que l’on coupe la papule avec un mini scalpel. D’autres préfèrent la cryothérapie avec de l’azote liquide.
Mais la tendance est au traitement chimique du molluscum contagiosum à la maison avec l’hydroxyde de potassium. On applique ce liquide au centre de chaque papule qui disparaît après un mois ou plus. Les lésions qui résistent peuvent ensuite être enlevées par curetage ».
L’eczéma (dermatite atopique)
L’eczéma atopique est une dermatose (maladie de peau aussi appelée dermatite atopique) inflammatoire dite prurigineuse car les lésions cutanées sont accompagnées de démangeaisons (prurit). Il touche le nourrisson dès l’âge de deux mois. 10-15% des enfants en souffrent en Europe. L’eczéma est chronique, évolue par poussées inflammatoires, se calme spontanément ou resurgit l’hiver avec le froid et la sécheresse de la peau. Contrairement à une idée reçue, l’eczéma n’est pas forcement de nature allergique ni toujours provoqué par le stress. La prédisposition génétique à la dermatite atopique est en revanche connue.
L’eczéma se présente sous formes de plaques rouges diffuses et mal délimitées qui grattent, voire suintent ou pellent. Chez le nourrisson, ces plaques sont localisées sur les joues, la face externe des cuisses et mollets et le tronc.
Dr Aude Maza-Rioland : « Concernant le traitement de l’eczéma, la "corticophobie" persiste : les corticoïdes (ou traitements à base de cortisone) font encore peur. C’est pourquoi l’eczéma est traité trop tardivement au risque de voir les plaques s’infecter par des bactéries comme le staphylocoque (croûtes jaunes suintantes avec de la fièvre) voire des virus dont le Molluscum contagiosum. Un dermocorticoïde (qui calme l’inflammation) doit être appliqué une fois par jour sur les plaques jusqu’à leur disparition complète. Afin de contenir l’extension de l’eczéma, une crème hydratante doit être appliquée sur la peau saine pour restaurer la barrière cutanée de la peau ».
Le psoriasis du nourrisson
Entre 2 et 5% des psoriasis surviennent avant l’âge de 2 ans. Comme la dermatite atopique, il s’agit d’une maladie inflammatoire qui évolue par poussées. A la différence près que les plaques rouges sont plus larges, aux contours très bien délimités, parfois épaisses avec des squames. Comme pour l’eczéma, le risque de surinfection bactérienne par staphylocoque est bien réel. Le traitement en première intention par dermocorticoïdes est plus difficile. Les infections, notamment virales, les chocs psychologiques peuvent exacerber les poussées de psoriasis.
Les dermites du siège
Les dermites du siège (fesses) sont un motif fréquent de consultation pendant toute la période où le bébé porte des couches, du fait de la macération. Mais attention, toutes les maladies du siège ne sont pas des mycoses ! Plusieurs possibilités existent : une irritation liée aux selles et aux urines (rougeur diffuse limitée aux zones de frottement, aspect suintant, érosif), une infection due à des mycoses (champignons) favorisée par l’humidité (aspect érythémateux avec des petites fissures du fond des plis), un psoriasis ou de l’eczéma (érythème bien limité des zones de frottements, aspect sec).
« Du fait des multiples dermatoses possibles sous le nom de dermites du siège, il faut consulter un médecin si les symptômes perdurent quand les traitements classiques de première intention échouent comme les topiques cicatrisants ou les crèmes barrières (protectrices). C’est pourquoi une crème unique ne suffit pas. Devant des mycoses, il faudra étaler une crème antimycosique, devant un eczéma ou une dermatite atopique, ce sera plutôt des crèmes à la cortisone. »
La gale commune
Cette maladie de peau est due à un parasite : l’acarien Sarcoptes scabiei hominis et peut se rencontrer en France. Il pénètre la couche superficielle de la peau et se transmet par contact direct humain (crèches, collectivités). L’aspect peut être trompeur et être confondu chez l’enfant avec des lésions d’eczéma. Il faut rechercher des sillons au niveau des espaces interdigitaux (entre les doigts), la face antérieure du poignet, des lésions d’eczéma (dermatite atopique) autour de l’ombilic, au niveau de la face interne des cuisse. Chez le bébé, ce sera des vésicules perlées au niveau de la paume des mains et la plante des pieds, avec atteinte du visage et du cuir chevelu, contrairement à l’adulte. Il peut y avoir des nodules scabieux (monticules sous la peau, rouges) au niveau des aisselles chez l’enfant. Les démangeaisons (prurit) ont lieu surtout la nuit, avec des lésions cutanées non spécifiques dues au grattage ou à la réaction immunitaire de l’organisme.
« La gale se traite par des médicaments antiparasitaires oraux ou locaux (crème ou lotion). Il faut respecter une éviction scolaire complète pendant trois jours après le premier jour de traitement et aussi traiter l’entourage proche et le domicile. Elle touche toutes les tranches d’âge, toutes les populations et tous les niveaux socio-économiques. »
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