Cancer du sein : l’effet Angelina Jolie
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Cancer du sein : l’effet Angelina Jolie
Depuis l’annonce par la célèbre actrice d’une double ablation du sein à visée préventive, le nombre de consultations dans les centres spécialisés semble avoir brutalement explosé.
A tort ou à raison ?

SOMMAIRE
- Le cas Angelina Jolie
- Traitement et prévention : à ne pas confondre
- Les cancers du sein héréditaires
- Opérer ou pas ?
- Mais au fait chez qui fait-on ce test génétique ?
La médiatisation des problèmes de santé de nos vedettes du petit et grand écran est une arme à double tranchant. Il est certain que l’annonce d’un cancer, d’une maladie neurologique chronique, d’un diabète par une personne connue de tous permet de se sentir moins seul, voire d’encourager certains patients à calquer leur comportement sur celui de leur acteur favori. Et peut-être de mieux apprendre à gérer sa maladie.
Cette médiatisation permet aussi de mettre à la lumière des maladies peu connues qui ont besoin de cette reconnaissance pour attirer des fonds. Mais toute mise en lumière trop brutale a aussi le revers de sa pièce : la création d’un sentiment de panique parfois injustifié ou la diffusion de messages qui, à défaut d’être suffisamment expliqués, créent l’amalgame.
Le cas Angelina Jolie
Angelina Jolie, égérie féminine du cinéma, a donc décidé d’exposer au grand public sa décision de se faire retirer préventivement les seins. Pourquoi cette opération ? Parce qu’elle souffre d’une mutation génétique d’un gène appelé BRCA, qui l’amenait à un risque très élevé de développer un cancer du sein au cours de sa vie : entre 55 et 85%.
Cette femme, extrêmement belle a osé, avec courage, montrer que l’on pouvait garder sa féminité après mastectomie bilatérale. Et reconstruction. Un message de courage et d’espoir pour les millions de femmes à travers le monde qui, dans le cadre d’un cancer du sein, doivent subir une ablation chirurgicale, physiquement invalidante mais surtout psychologiquement traumatisante .
Traitement et prévention : à ne pas confondre
Différence avec la majorité des patientes : Mme Jolie s’est fait opérer dans un cadre préventif et pas dans un cadre curatif. Rappelons tout d’abord quelques chiffres : 12% des femmes développeront un cancer du sein au cours de leur vie. En cas de mutation BRCA1 ou 2 ce risque monte à 55 à 85%, ce qui est énorme. Mais à l’inverse, seuls 5 à 10% des cas de cancer du sein concernent des patientes qui souffrent de ce type de mutation.
Les cancers du sein héréditaires
En fait ces mutations sont essentiellement recherchées chez des enfants ou proches de patientes touchées par un cancer du sein héréditaire ou chez qui le cancer du sein s’est développé jeune, bilatéralement,… En effet, 20 à 25% des cancers du sein héréditaires sont porteurs d’une mutation BRCA1 ou 2. Se pose alors la question pour les enfants de ce type de patientes de l’intérêt de faire une prise de sang pour réaliser un test génétique.
Opérer ou pas ?
Mais une fois le test génétique fait chez une femme de 20, 30 ou 40 ans en parfaite santé, que faut-il faire du résultat ?
Si cette personne est porteuse de la mutation, elle se sait à très haut risque de développer un cancer du sein. Faut-il alors seulement surveiller en vivant au quotidien avec une épée de Damoclès au dessus de la tête ? Faut-il décider, à un âge jeune comme Angelina Jolie, de subir une intervention dure et agressive ? La question n’est pas encore résolue. Et même aux Etats-Unis, là où ce type d’intervention est la plus fréquente, seules 36% de ces femmes porteuses de cette mutation se font opérer préventivement.
Mais au fait chez qui fait-on ce test génétique ?
Au fond, la question de base est celle-là ! Chez qui doit-on tester la présence de cette mutation ?
Seulement chez un petit nombre de patientes en bonne santé, qui ont une histoire familiale de cancer du sein et particulièrement à un jeune âge (avant 40 ans).
Et c’est là le danger de la médiatisation à outrance. Une demande accrue, non réfléchie et paniquée de réaliser ce type de test génétique chez des patients « tout venant ». Avec, si ce test revient positif, en l’absence de prise en charge par des équipes multidisciplinaires rôdées à la génétique des cancers, le risque de se retrouver avec une information psychologiquement ingérable.
Alors médiatiser oui, mais expliquer avant tout.
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